La Roque Saint-Christophe - Fort et Cité troglodytiques en Dordogne

Publié le par Corinne

Forteresse et village troglodytes dans le Périgord

Longue de 1 km et haute de plus de 80 mètres, la monumentale Roque Saint-Christophe, située entre Montignac-Lascaux et les Eyzies est classée monument historique. C'est le quatrième site le plus visité en Dordogne ! Dès qu'on l'aperçoit, la magie opère. L'imposante falaise de calcaire se dresse devant nous, puissante, colossale ! Ce géant minéral indestructible a pourtant subi les ravages du temps. Au fil des siècles, l'eau et le gel ont créé cette longue entaille qui fait sa renommée. Cette cruelle cicatrice et ces nombreuses cavités ont servi de refuge aux hommes dès la préhistoire.

Pourquoi visiter La Roque Saint Christophe ?

  • Pour la beauté du lieu
Point de vue sur la Vézère à la Roque Saint-Christophe.

Tout d'abord ce colosse de calcaire est un lieu hors du commun et très atypique. La Roque Saint-Christophe est le plus grand site troglodytique d’Europe ! Ses centaines d'abris sous-roche et sa faille géante attirent les touristes du monde entier. Vue du bas, le mastodonte impressionne. Il semble avoir gobé quelques-uns de nos semblables qui déambulent à l'intérieur de la faille et profitent de la vue. La Roque Saint-Christophe offre en effet à ses visiteurs un panorama incroyable sur une nature préservée et sur la belle Vézère. 

  • Pour l'histoire
Quelques dates pour mieux se repérer à la Préhistoire et au Moyen-Âge.
© Crédit photo : La Roque Saint-Christophe

Visitez La Roque Saint-Christophe, c'est faire un bond dans le passé, voyager dans le temps et traverser les époques. C'est un lieu fascinant, témoin de l'évolution de l'homme. Rendez-vous compte, il a abrité des hommes à partir de la Préhistoire et a été aménagé au Moyen-Âge, pour devenir une cité fortifiée. Il a été habité jusqu’en 1588.

Forteresse troglodytique de La Roque Saint Christophe

Commençons la visite ! Face à moi une entrée bien gardée. L'air impassible, un sentinelle monte la garde…pas de doute nous sommes bien au Moyen-Âge et nous allons pénétrer dans une cité forteresse !

Entrée de la forteresse troglodyte de la Roque Saint-Christophe.
  • La Roque Saint Christophe au Moyen-Âge…

Créer ici une forteresse était une évidence ! Le lieu s'y prêtait à tout point de vue. Perchée sur son promontoire rocheux, elle était inattaquable ou plutôt imprenable. De plus, sa position était on ne peut plus stratégique car proche de la rivière.

Mais au fait, pourquoi a-t-on construit cette forteresse ?

A l'époque, la population est terrifiée par les invasions des Vikings. Les Vikings étaient des pilleurs, marchands, mercenaires venus de Scandinavie (Norvège, Suède et Danemark). Ces envahisseurs ont notamment pris la ville de Périgueux en 849 et font régner un climat de terreur de 841 jusqu'en 1017. La ville de Paris sera prise et reprise à 5 reprises. C'est dans ce contexte qu'en 976, l'Évêque Frotaire de Périgueux (qui représente le seul véritable pouvoir en place) va faire construire 5 forts défensifs : Bassillac, Agonac, Corgnac, Auberoche et la Roque Saint-Christophe (alors nommé «Rupem Sancti Christophori»). Ces forts vont surveiller et barrer les voies d'accès à tous les envahisseurs qui menacent Brive ou Tulle. Face aux pillards, la Roque Saint-Christophe est un véritable verrou et protège la vallée des assaillants.

La forteresse :

C'est donc au Xème siècle que la Roque Saint-Christophe va devenir une véritable forteresse qui a pour but de défendre la population.

- Son principal atout est sa hauteur. Ici on va, pour se défendre se servir de la verticalité de la falaise. Il s'agit donc d'une défense passive qui vise à ralentir l'ennemi.

- Mais son système défensif ne s'arrête pas là : Ses entrées ont été pensées de manière ingénieuse :  Les passages sont étroits et très bien gardés. Il existe également une fosse avec un pont basculant, des assommoirs, etc…

D'ici, on peut également lancer de nombreux projectiles sur l'ennemi.

Le poste de sentinelle franchi, j'arpente une allée bordée de végétation. D'un côté, la forêt et la Vézère en contrebas, de l'autre, la roche. L'air est frais, la lumière douce.

Vous cherchez un site troglodytique en Dordogne, visitez la Roque Saint-Christophe !

On est loin de l'atmosphère belliqueuse qui pouvait y régner jadis !

Plusieurs petits escaliers se succèdent, jusqu'à cette cavité mystérieuse…

La Roque Saint-Christophe à la Préhistoire

Suivez les traces des hommes préhistoriques à la Roque Saint-Christophe !

Autre bond dans l'histoire. Cette fois, nous voici transportés à la préhistoire ! Il faut savoir que la Roque Saint-Christophe a été habitée depuis le néolithique.

Mais quel est donc ce mystérieux abri ? Grâce au panneau explicatif, j'apprends qu'il fut occupé dès la préhistoire, il y a 20 000 ans. Ici on a retrouvé des silex taillés de cette époque. Au Moyen-Âge, cette cavité était certainement une étable. En effet, on remarque 15 anneaux creusés dans la roche qui servaient probablement à attacher du bétail. Les animaux les plus importants étaient acheminés ici en cas d'attaque ou de siège.

  • Il y a 55 000 ans au Paléolithique

Toutefois, il est évident que les hommes sont venus ici bien avant. Pourquoi me direz-vous ?

Parce qu'on est ici à seulement à 500 mètres du Moustier, berceau de la préhistoire ! Mondialement connus, ses deux abris sont inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO. Des fouilles ont mis à jour de nombreux outils ayant appartenu à l'homme de Néandertal, ainsi qu'au moins deux squelettes, dont celui d'un petit enfant.

La Roque Saint-Christophe était aussi le refuge idéal pour l'homme préhistorique du paléolithique :

- Ce lieu fourmillait de cavités naturelles et permettait aux hommes de se mettre à l'abri. Ils étaient notamment protégés de la pluie.

- La rivière toute proche leur permettait d'avoir de l'eau mais aussi des poissons.

Des recherches archéologiques ont prouvé la présence de Cro-Magnon (Homo sapiens) grâce à la découverte de nombreux objets : des silex taillés, des armes, des outils, des os gravés et même des instruments de musique, comme cette flûte en os (conservée aujourd'hui au British Museum à Londres).

Instrument de musique de la préhistoire retrouvé à la Roque Saint-Christophe.
© Crédit photo : Britishmuseum.org
  • Au néolithique, entre - 9 000 et - 3 000

Grâce à l'agriculture et à l'élevage, l'habitat se sédentarise et les premiers villages sont créés. Les maisons ont désormais une ossature de bois et des murs en torchis et des toits de chaume. Au pied de la falaise, on a retrouvé des traces de constructions légères : trous de piquets tenus par des pierres qui devaient supporter des barrières, des cloisons.

Falaise troglodyte de la Roque Saint-Christophe, entre Montignac-Lascaux et les Eyzies en Dordogne.

Je poursuis mon chemin. De nombreux panneaux pédagogiques jalonnent le parcours. Clairs et abordables ces tableaux très bien réalisés, permettent de comprendre l'histoire du lieu (même pour les non-initiés).

En haut de cet escalier, un autre trésor attend les visiteurs…

En pleine nature, découvrez le site de la Roque Saint-Christophe classe monument historique.

A peine croyable, là, creusé dans la roche un coffre-fort daté du 12e siècle est taillé à même la paroi. On voit très nettement des traces qui marquent l'emplacement des étagères, des gonds et du système de fermeture.

Coffre-fort creusé dans la roche de la Roque Saint-Christophe, au Moyen-Âge.

Autour de moi, le décor est somptueux. La nature, le silence sont propices à la méditation. Ce lieu chargé d'histoire est réellement apaisant.

Idée originale de sortie dans le Périgord Noir pour les passionnés de préhistoire et de Moyen-âge.

A ma droite, j'aperçois l'entrée d'un tunnel qui éveille ma curiosité…ne serait-ce pas lui qui mène à la fameuse grande terrasse surnommée le «Boulevard de l’Humanité»?

Tunnel creusé au 20ème siècle pour accéder à la Grande Terrasse.

Ni une ni deux, me voici déjà au cœur de ce passage, heureusement éclairé…

Au bout, la lumière et un lieu fascinant : la Grande Terrasse ! Majestueuse, elle s'étend sur 300 mètres ! C'est le plus grand abri aérien d'Europe ! Le lieu est impressionnant et vraiment atypique. On ne sait où poser son regard en tout premier lieu. Coincée entre la roche et le vide, je me sens pourtant incroyablement sereine. Ici, on se sent à la fois protégé par la falaise qui nous englobe, nous enlace et libre comme le vent. Perché à 40 mètres du sol, l'air est frais, la vue à 180° sur la Vallée de la Vézère est splendide !

Voici le Boulevard de l'humanité ou la Grande Terrasse à la Roque Saint-Christophe.

Mais au fait, pourquoi ce nom de «Boulevard de l'humanité» ? Jean-Max Touron (propriétaire du site avant de passer le relais à sa fille), nous en dit un peu plus :

«On l'appelle le Boulevard de l'humanité car tous les passants de la Vallée de la Vézère, depuis nos origines, ne pouvaient pas ne pas être attirés par ces énormes abris et y trouver refuge. L'homme est-il venu ici depuis 500 000 ans, un million d'années ? On ne sait pas…».

Une chose est sûre, ici la présence de l'homme est partout ! Ce qui me frappe en tout premier lieu c'est le nombre infini de traces laissées par l'homme. La voûte, le sol, les parois, par un mètre carré n'y échappe !  D'innombrables petites niches, orifices et autres perforations…et autant de mystères pour moi !  Heureusement le guide arrive...j'ai hâte d'en savoir un peu plus !

Village troglodytique

Grâce à ses explications, je comprends très vite que cette immense étendue minérale grouillait autrefois de vie ! Aujourd'hui dépourvue de toute construction, elle était jadis une cité à part entière, constituée de maisons fabriquées à flanc de falaise. Le plus étonnant donc, est que ce gigantesque abri était cloisonné au Moyen-Âge ! Il y avait ici en façade (là où sont les garde-corps actuellement) tout un bâti qui fermait la terrasse sur toute la longueur de la falaise. 

Grâce à une maquette présente sur le site, on peut plus facilement se représenter l'habitat troglodytique de l'époque. Elle correspond à la période qui a précédé la destruction de la cité au 16° siècle.

Maquette qui reproduit les maisons troglodytes du Moyen-Âge à la Roque Saint-Christophe.
La reconstitution a été réalisée grâce à des documents d'archives et à l'étude d'aménagement des parois.

Cette maquette est à l'échelle : 1/30ème et ne représente qu'une partie du site (entre le tunnel qui mène à la grande terrasse et l'église).

Maquette l'échelle:1/30ème de la grande terrasse.
Pour réaliser l'ensemble de la falaise, une maquette d'environ 30 mètres de long aurait été nécessaire. © Crédit photo : La Roque Saint-Christophe

Cette cité abritait des centaines de personnes et était construite sur 5 niveaux :

Le 1er niveau (au niveau des champs), était le lieu de vie des bêtes et des cerfs (paysans).

Au 2e niveau, vivaient les artisans et les commerçants.

Au 4e niveau, on retrouvait les artisans les plus riches et les hommes d'église.

Le 5e niveau était réservé au seigneur. C'était le lieu le plus protégé du site car le plus en hauteur. Il est inaccessible au public, sauf les archéologues peuvent y accéder.

Des escaliers de communication ont été construits pour permettre le passage d'un étage à un autre. Le village est composé de centaines de maisons : certaines sont classiques, d'autres troglodytes.

Grâce au film diffusé sur place, il est encore plus facile de visualiser le village troglodyte. Grâce aux procédés de la photogrammétrie et du mapping, le site a été entièrement reconstitué en 3D. 

Reconstitution en 3D de la cité troglodyte de la Roque Saint-Christophe au Moyen-Âge.
Ce village, placé sous la protection du fort, pouvait abriter environ un millier de personnes. © Crédit photo : La Roque Saint-Christophe

Je m'enfonce sous la voûte (profonde d'une quinzaine de mètres) et m'approche de la roche… Partout où mes yeux se posent, je vois des traces laissées par nos ancêtres : tout a été modifié et aménagé par l'homme au fil des siècles : la pierre est creusée, taillée, percée !

Au Moyen-Âge, la Grande Terrasse sera totalement modifiée : on va l'agrandir, l'approfondir pour y aménager des habitations, une église et même des carrières de pierres.

  • La paroi

Sur la paroi, j'observe une multitude de petites cavités. Mon imagination s'emballe, je pense à ces hommes qui ont taillé la roche pour fabriquer ces sortes de placard, ces réserves de grain, ces silos à nourriture…quelle émotion ! Plus loin, au niveau de l'église, on peut admirer des croix datant du Moyen-Âge gravées dans la roche.

Croix gravée dans la roche de la falaise à la Roque Saint-Christophe.
Croix gravée au 12ème siècle.

A l'extérieur, dans une demi-voûte, un clocher a été taillé dans la roche. On voit ici clairement qu'une portion de roche a été enlevée pour la hauteur et la résonance.

On peut voir également (en levant bien la tête) une étrange et petite cavité creusée dans la falaise : il s'agit d'un point de guet ! Car se réfugier en cas d'attaque, c'est bien, mais encore faut-il avoir le temps de prévenir les gens ! C'est pour cela qu'un ingénieux système de défense avait été mis en place à l'époque, entre le village de Campagne et la forteresse de la Roque Saint-Christophe ! Je vous explique : Pour voir arriver l'ennemi de suffisamment loin, 22 points de guets se succèdent sur 18 km pour faire passer l'information (par le biais d'un feu que l'on allume ou d'une corne de brume que l'on fait sonner). Ce système de communication a été découvert et expérimenté en 1963 par 22 personnes qui ont pris place dans ces trous de guet. Grâce à cette reconstitution, on a pu constater qu'il leur fallait 6 minutes seulement pour faire passer le message…alors que l'ennemi lui, mettait 2 jours pour arriver. Passionnant, non ?

  • Le sol
Emplacement des cloisons des maisons troglodytes de la Roque Saint-Christophe.

Le sol, quant à lui, est comme un livre qui nous conte l'histoire des lieux.  On voit aisément l'emplacement des anciennes cloisons. C'est fascinant !

Je constate qu'à l'époque, le confort n'était pas une priorité. Loin d'être plane, la surface du sol est particulièrement bosselée (sauf, à l'emplacement de l'église).

Réservoir d'eau sur la Grande Terrasse de la Roque Saint-Christophe.

Autre curiosité, la réserve naturelle d'eau. La guide nous explique que ce collecteur du Moyen-Âge pouvait contenir jusqu'à 1300 litres. Très pratique pour la vie de tous les jours et surtout en cas de siège ! D'ailleurs on note la présence sur le site d'un astucieux système de canalisations : celui-ci régule les eaux de ruissellement ainsi que les eaux usées. Les hommes, à l'époque, ont creusé des rigoles pour drainer les eaux de sources et de ruissellement vers des réservoirs.

Tombes de réduction creusées dans la roche.

Comment ne pas remarquer également la présence de ces 6 tombes creusées dans la roche pour l'éternité ! Celles-ci étaient réservées à des personnes importantes de la cité, comme pour le Seigneur ou les évêques. Par souci de place, elles pouvaient contenir 2 ou 3 squelettes (tombes de réduction).

  • Le plafond
Vestige du couloir derrière les habitations de la cité forteresse troglodyte.

Au plafond on voit très nettement l'emplacement de l'ancien couloir qui longeait la falaise. A l'arrière des maisons, cet étroit passage permettait aux habitants de circuler à l'abri des intempéries. Ils étaient également protégés des éventuels ennemis. Quand on y pense, il devait y faire très sombre !

Machines de levage du Moyen-Âge

La Roque Saint Christophe s'est dotée de reconstitution d'engins de levage. Reproduits à l'identique par des Compagnons du Devoir, ces machines impressionnantes nous permettent de comprendre comment les matériaux mais aussi le bétail étaient acheminés à 40 mètres de hauteur. On s'en servait au quotidien mais aussi en cas de siège. Ces engins avaient pour principe la démultiplication du poids.

  • Treuil à tambour
Reconstitution de machines de levage du Moyen-Âge.

C'est l'engin de levage le plus puissant du Moyen Âge ! Cette cage à écureuil permettait à un bâtisseur de soulever 7x son propre poids ! Une seule personne peut soulever 500 à 700 kg ! La Roue était encore plus grande au MA.

  • Treuil horizontal
Machine de levage du Moyen-Âge reproduit à l'identique en Dordogne.

Déjà utilisé à l'époque romaine, le treuil horizontal permet de soulever un poids de 150 kilos et ce, sans effort !

  • La grue à balancier
Démonstration du fonctionnement de la grue à balancier en Dordogne.

La grue à balancier est l'ancêtre de notre grue…elle permettait de déplacer des charges par pivotement latéral à 360°. Ce jour-là, les enfants s'en sont donné à cœur joie ! Avec l'aide de la guide, ils ont eu l'honneur de faire fonctionner cette machine ! Très appliqués, l'air grave et la mine fière, ces enfants ont vécu un inoubliable moment ! J'ai particulièrement apprécié ce moment de la visite.

A SAVOIR : Si vous souhaitez voir fonctionner l'ensemble de ces machines de levage, il vous faut assister aux visites guidées qui ont lieu le matin à 10h15 et 11h15.

  • Cabestan ou treuil vertical
Venez voir fonctionner une machine de levage du Moyen-Âge à la Roque Saint-Christophe !

Le Cabestan est une machine inventée par les Romains pour déplacer des charges lourdes horizontalement. Elle pouvait déplacer des blocs de plusieurs tonnes !

Représentation médiévale avec la troupe de comédiens d'Historia Aquitanorum.

Impossible de vous décrire la Grande Terrasse sans vous parler de la troupe médiévale d’Historia Aquitanorum présente ce jour-là. Habillés en costumes du XIIème siècle, ces passionnés animaient plusieurs ateliers. J'ai apprécié leur disponibilité et leur bienveillance. Ils avaient à cœur de nous faire partager leur savoir et leur passion du Moyen-Âge. Ce fut un réel plaisir de les écouter livrer leurs anecdotes !

La seconde partie de la visite (après la Grande Terrasse), est tout aussi passionnante. Un des points forts de la visite pour moi, est sans conteste ce magistral escalier taillé dans la roche. Il s'agit du plus grand escalier monolithique d'Europe !

Voici le plus grand escalier monolithique d'Europe !

En le découvrant, dans son écrin de verdure, vous ressentirez certainement comme moi beaucoup d'émotions ! Cet escalier taillé dans la pierre, massif et imposant, semble pourtant léger comme l'air. Il flotte au-dessus du sol et semble empreint de magie. Ses trente-deux marches mènent à la cinquième et dernière terrasse, le niveau ultime de cette incroyable forteresse. Là haut, bien protégé, le seigneur ne risquait rien ! D'autant que cet escalier, dernier obstacle à franchir pour l'assaillant, n'est pas un escalier comme les autres ! On voit que l'on n'a pas taillé les premières marches et que seule une échelle permettait l'ascension. Un ultime stratagème pour déjouer l'ennemi ! La cinquième terrasse est inaccessible au public, seuls des archéologues peuvent y accéder.

Après cette jolie découverte, je traverse un passage consacré aux armes, puis je découvre plusieurs habitats reconstitués, dont un espace dédié à l'aménagement d'une cuisine au Moyen-Âge.

La cuisine médiévale

Mise en scène d'une cuisine médiévale.

Une charmante «paysanne» nous raconte avec enthousiasme comment on prépare le repas à l'époque. Elle nous explique aussi qu'au 12ème siècle, on mangeait beaucoup de pain (1kg par jour et par personne). La population (95% sont des paysans) se nourrit de soupe que l'on fait mijoter sur des braises. Elle est constituée d'eau, de pain et de légumes.

  • Les légumes

Les féculents (pois, haricots, lentilles, fèves).

Légumes verts (choux, salades, blettes, cardons, céleri, épinards).

Les racines (carottes, navets, betteraves, salsifis).

  • Les céréales

Seigle, épeautre, millet, etc...

  • La viande

Les riches consomment des poulardes, oies, pintades, canards, hérons, cygnes, ainsi que les gros gibiers comme le sanglier ou le cerf.

Les pauvres (paysans), se nourrissent de lièvres, lapins de garenne, perdrix, pigeons, bécasses, cailles, merles, grives…

  •  Les épices

Les épices sont utilisées pour leurs vertus médicinales: le gingembre, la cannelle, le clou de girofle, le safran, la muscade, la cardamome.

  • Œufs, fromage et lait
  • Les boissons

Au Moyen-âge, l'eau potable est rare…on boit beaucoup de vin et de bière…

Contrairement aux idées reçues, les gens du Moyen-Âge sont très propres et se lavent. De plus, ils utilisent des assiettes, des cuillères, des couteaux et des gobelets en bois (la fourchette est arrivée plus tard à la Renaissance).

Elle nous explique également comment on fabrique les bougies à l'époque, par séchages successifs, grâce à de la cire d'abeille et un cordon de lin. On fabrique également des lampes à huile avec de la graisse de canard ou de cochon et une mèche.

Le feu, quant à lui est allumé grâce à une technique particulière et requiert plusieurs ustensiles : Il faut des morceaux de métal forgé par le forgeron, un morceau de silex et de l'amadou, un champignon qui devient inflammable (Amadou : qui s'enflamme vite, amoureux, qui donnera le verbe amadouer).

Elle nous fait part également d'une anecdote au sujet de la carotte. Au Moyen-âge, les carottes étaient blanches et ce n'est qu'au 16ème siècle que la carotte est devenue orange ! En effet, des agriculteurs hollandais, pour montrer leur allégeance à la maison orange (la famille régnante des Pays-bas), ont créé une nouvelle variété en mêlant la carotte blanche à la carotte rouge de Syrie.

Maison avec façade bois et torchis à la Roque Saint-Christophe.
Merci à la gentille «paysanne» qui a pris la pose pour nous !

La destruction

Après avoir prospéré pendant plusieurs siècles, la Roque Saint-Christophe va devoir affronter de nombreux conflits.

Pendant la Guerre de Cent Ans : les Anglais vont assiéger la forteresse en 1401 et s'en emparer par la famine avant d'être eux-mêmes chassés 5 ans plus tard.

Pendant les guerres de religion : Ce sont les huit guerres civiles d'origine religieuse qui se sont succédé dans le royaume de France de 1562 à 1598, opposant catholiques et protestants.

En 1588, tout le monde était catholique sauf la forteresse (refuge protestant). Sur ordre du sénéchal du Périgord, la Roque Saint-Christophe va alors être détruite, démontée pierre par pierre. Les pierres vont d'ailleurs être réutilisées pour la construction d'autres sites.

Le site est alors abandonné pendant plusieurs centaines d'années…

La belle endormie

Après tant d'agitation, de vie et de péripéties, la Roque Saint-Christophe, s'est doucement endormie. Après tout ça, peut-être avait-elle besoin d'un peu de repos…

Quoiqu'il en soit, la nature a repris ses droits. La végétation l'a peu à peu fait disparaître et l'homme, pour quelque temps, l'a oubliée.

Jusqu'au jour où un homme plus curieux que les autres, osa s'y aventurer ! Cet homme n'était pas n'importe qui ! Descendant de la famille qui était propriétaire du site, il se nommait Gabriel Touron. Un mystérieux trou rectangulaire dans la paroi attisa un jour sa curiosité. Il décida alors d'explorer ce géant endormi et de le délivrer de la végétation qui le cachait du monde. On imagine sa surprise et sa joie lorsqu'il découvrit les trésors enfouis de la Roque Saint-Christophe ! L'escalier monolithique, les abris, la Grande Terrasse ! Quel émerveillement ! Après un travail titanesque, la cité troglodyte est revenue à la vie ! En 1953, elle accueillera ses premiers visiteurs.

Depuis, elle appartient toujours à la même famille. De génération en génération, cette famille de passionnés veille sur ce lieu et les traces laissées par nos ancêtres. Gageons qu'avec eux et leurs descendants, le site de la Roque Saint-Christophe ne sera plus jamais oublié !

La Roque Saint-Christophe tarifs

La Roque Saint-Christophe vous ouvre ses portes 7/7, y compris les jours fériés.

Basse saison (du 1er octobre au 31 mars)

Adultes : 9,50 €

Enfants (de 5 à 13 ans) : 5,00 €

Étudiants (moins de 25 ans, avec carte) : 8,00 €

Haute saison (du 1er avril au 30 septembre)

Adultes : 10,50 €

Enfants (de 5 à 13 ans) : 5,00 €

Étudiants (moins de 25 ans, avec carte) : 8,50 €

Ici, nos amis les chiens sont acceptés. N'hésitez pas à venir quelque soit la météo ! En effet, c'est un havre de fraîcheur les jours de grandes chaleurs et quand il pleut vous êtes protégés. Le parking est pratique et bien ombragé (il se situe juste en bas du site). A noter la présence d'un petit restaurant et de toilettes (propres).

Pour passer un doux moment de détente, se ressourcer et apprendre, venez donc visiter la Roque Saint-Christophe ! A deux, en amoureux ou en famille avec les enfants, vous sortirez apaisés et enrichis de ce joli voyage dans le temps.

Corinne et Nicolas en visite à la Roque Saint-Christophe.

Mille mercis à Sophie Barse pour son accueil chaleureux et sa gentillesse !

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