La Roque-Gageac, un des plus beaux villages de France dans le Périgord Noir

Classé parmi les plus Beaux Villages de France, le village perché de La Roque-Gageac ne ressemble à aucun autre ! Avec ses jolies maisons construites à flanc de falaise, cette cité pittoresque est une véritable carte postale. Dès votre arrivée, vous en prenez déjà plein la vue. Depuis la route qui longe la Dordogne, vous voyez surgir ce village médiéval au charme si particulier. Lové dans un écrin de roches, il est sublimé par la belle Dordogne qui serpente à ses pieds.

À peine descendu de voiture, le charme opère immédiatement. Le joli village, accroché à cette immense falaise, est baigné de soleil. Il suffit juste de lever les yeux pour apercevoir le fort troglodyte niché tout là-haut, au cœur de la roche.

Bambousaie de La Roque-Gageac

Au début de la visite, un dilemme : A droite, la Bambousaie, promesse d'ombre et de fraîcheur, à gauche, le village, ses ruelles pentues et son jardin tropical… Après une brève hésitation, je franchis l'entrée, un brin cachée, de la Bambousaie. Après tout, pourquoi se priver, la visite est gratuite !

Il faut savoir que ce lieu appartient à la même famille depuis 600 ans et dépend du manoir de Tarde. C'est Guillaume Bergeret, fils de Françoise Tarde, qui en est l’heureux propriétaire depuis 1995.

Dès les premiers pas, dépaysement garanti ! L'entrée dans la forêt de bambous géants (plantés à la fin du XIXe siècle par Gabriel Tarde lui-même) est impressionnante.

Impossible de ne pas tomber sous le charme de ce lieu paradisiaque ! Le cadre est magnifique, reposant. L'air est plus frais. C'est un véritable havre de paix ! J'arpente les allées de ce jardin "extraordinaire" sans me lasser. Les bambous de taille (jusqu'à 30 mètres de haut), d'espèces, de couleurs et d'âges différents offrent une grande variété de paysages. J'apprécie particulièrement les petits recoins où l'on peut s'asseoir, se reposer ou se cacher… Les amoureux et les enfants vont adorer ! Avant mon départ, je m'offre un petit rafraîchissement au bar du petit restaurant planté au cœur du parc. Idéal pour manger ou se désaltérer, il propose au menu des plats copieux et de qualité. Ici, produits locaux, excellente carte des vins et plats faits maison ! A noter la présence d'un magnifique platane de 350 ans à côté du bar-restaurant ! Splendide !

La Roque-Gageac jardin exotique

En sortant, la chaleur est intense. J'avais presque oublié qu'il faisait si chaud… Je poursuis ma visite en empruntant un petit sentier qui porte le joli nom de "chemin des bananiers"... Le paysage change brusquement. Le dépaysement est total. Plongée au cœur d'une végétation exotique, je parcoure une allée ombragée, bordée de palmiers, de cactus, de grenadiers et d'orangers ! Un véritable petit paradis de tranquillité où le temps semble suspendu !

Protégé par la falaise et exposé plein Sud, ce village au bord de la Dordogne bénéficie en effet d'un micro- climat. C'est en partant de ce constat, que Gérard Dorin (1935-2014), un passionné de botanique tropicale a décidé de créer ce merveilleux jardin exotique. Des boutures ramenées du Cap de Bonne Espérance ou des îles du Pacifique vont prendre racine ici, à La Roque-Gageac.

Les ruelles sont maintenant bordées d'une végétation luxuriante et colorée ! Lauriers roses, hibiscus, bougainvilliers, yuccas et cycas habillent les chemins ! J'aime beaucoup cette petite rue pavée qui traverse le village de part en part. Tantôt sinueuse, pentue ou plus à plat, elle réserve plein de surprises ! Notamment cette petite église (Notre-Dame de La Roque-Gageac) et son clocher-mur (datant du XIVe siècle) ! Ce lieu est reposant et chargé en émotions. Vous pourrez au même endroit apprécier un magnifique point de vue sur le village et la Dordogne.

Je poursuis mon chemin. Chaque mètre parcouru est un régal pour les yeux. J'aime le charme pittoresque des maisons du village, j'aime la couleur de leurs murs et leurs toits en lauze. J'aime les passages escarpés et le splendide panorama !

Manoir de Tarde

Au cœur de la Roque-Gageac, je découvre le beau manoir de Tarde (ou château de Tarde). Ce bel édifice, composé de deux corps de logis et d'une belle tour, domine le village. Il est classé monument historique depuis 1951. Ce fut la demeure de Jean Tarde, aumônier d'Henri IV. Mais c'est surtout son amitié avec Galilée qui l'a rendu célèbre. Il a en effet rencontré l'astronome italien du XVIIᵉ siècle qui lui  aurait communiquer sa passion pour l'astronomie. Le célèbre savant lui aurait également donné une lunette astronomique ! On dit aussi qu'il s'en servait pour observer le ciel depuis le fort. A noter également qu'il fut l'un des premiers à réaliser une carte de la région.

Un  brin d'Histoire

L'histoire de la Roque-Gageac est très riche et remonte à fort longtemps.

Dès le IXème siècle, les Vikings et leurs drakkars normands poussent les habitants à se réfugier dans les hauteurs et à ériger des lieux fortifiés.

Pendant la Guerre de Cent Ans (1337 – 1453), le Fort troglodyte servait de refuge aux évêques de Sarlat. Il était réputé comme étant imprenable !

Même pendant les guerres de religion (8 guerres religieuses dans le royaume de France de 1562 à 1598, opposant partisans du catholicisme et partisans du protestantisme), la Roque-Gageac resta un village invincible.

Plus tard, pendant la seconde guerre mondiale, les maquisards ont également investi les lieux.

Fort de la Roque-Gageac

Depuis le bas du village, j'avais remarqué ce fort troglodyte et ses imposantes colonnes de soutènement. Après être passée sous l'arche du Manoir de Tarde, me voici désormais à ses pieds et je dois dire qu'il est encore plus impressionnant. Construit au 11ème siècle, le Fort de la Roque-Gageac avait bien-sûr pour but de se protéger des envahisseurs, mais aussi et surtout de les voir arriver ! Construite dans une cavité naturelle du Roc de Viguayral, cette fortification médiévale fut occupée jusqu'au 17ème siècle.

• Le Fort "à l'origine"

Il faut imaginer ce qu'il y avait réellement ici à l'époque : L'enclos seigneurial et le village formait le Castrum de Gajaco.

L'enclos seigneurial était constitué :

- du fort.

- du château du seigneur (juste en dessous). Observez bien la paroi rocheuse sous le fort, vous distinguerez peut-être 3 lignes horizontales de trous de boulins (niches de poutres). Ces trous indiquent l'emplacement des différents niveaux du château médiéval, aujourd'hui disparu.

- des maisons des chevaliers.

- d'une enceinte (quelques traces sont encore visibles).

Le fort, si haut perché, était l'ultime refuge et c'est de là qu'on observait l'ennemi. On y accédait aussi par un escalier et "la porte d'entrée était commandée par plusieurs ouvertures de tir et barrée par une fosse, taillée dans le rocher, qui en interdisait l'accès."

• Le Fort aujourd'hui

Mon regard se porte maintenant sur son vertigineux escalier en bois et en pierres de 140 marches accroché à la falaise…

J'ai déjà hâte d'y être ! Mais avant mon ascension, rappelons ce qui s'est passé ici-même en 1957 et en 2010.

Le 17 janvier 1957, un pan de falaise tout en entier (2500 mètres cube de roche) s'est effondré sur le village et a fait 3 morts et de nombreux dégâts. Après cette tragédie, de nombreux travaux ont été entrepris pour sécuriser le site. Malgré cela, en 2010, fragilisée par plusieurs autres éboulements, une partie de la voûte de la cavité naturelle du fort s'est en partie effondrée, entraînant la fermeture du site. La municipalité a alors fait effectuer d'énormes travaux (pour un montant de 1,6 million d'euros) pour consolider et sécuriser le fort. Des ingénieurs ont imaginé ces 18 colonnes de soutènement et ont installé des capteurs thermiques et de mouvement sur toute la falaise.

Au bout de 10 ans de travaux, le fort à réouvert "ses portes". Plébiscité par les amoureux des vieilles pierres et du Moyen-âge, il voit à nouveau les touristes affluer. Ce succès est notamment dû à Mr Jean-Max Touron qui est devenu propriétaire des lieux en 2019. Passionné de Préhistoire, d'habitat troglodyte et de Moyen-âge, il est déjà propriétaire de plusieurs sites en Dordogne, comme la Roque-Saint-Christophe, le roc de Cazelle, la grotte du Sorcier à Saint-Cirq, la maison forte de Reignac, le Préhistoparc, l'abri Cro-Magnon ou le Manoir-de-Gisson à Sarlat.

Après ces quelques précisions il est temps de franchir la porte de la billetterie. Après cela vous aurez accès à une petite exposition d'objets du Moyen-Age. Vous pourrez y admirer des clefs datant du 14ème et 15ème s, des vieux cadenas du 15ème s, mais aussi des armes médiévales ! Très intéressant pour des passionnés d'objets anciens comme moi !

Orgue à canons

« Les premiers connus remontent au XVème siècle, on les appelait « orgues » car les petits canons (3 à 12) montés les uns à côté des autres évoquent des tuyaux d'orgue et crachent des balles permettant de faucher un rang plus ou moins dense d'ennemis.»

Canon

«Le Canon fait son apparition au milieu du XVème siècle et remplace peu à peu la Bombarde. Le tube en bronze (alliage fer / cuivre) est coulé d'une seule pièce ; ce procédé est beaucoup plus onéreux mais améliore considérablement la performance et la fiabilité des armes et permet également de les alléger. Le chargement se fait désormais par la culasse et augmente la cadence de tire tout en assurant une meilleure protection des artilleurs.»

Bombarde

«La bombarde est apparue pendant la Guerre de Cent Ans et a été utilisée jusqu'à la fin du XVème siècle. Elle pouvait lancer des boulets de pierre ou de fer mais son manque de précision et sa faible cadence (6 à 10 coups par heure) l'a orientée vers la guerre de siège. Ce changement d'utilisation a eu pour conséquence de modifier l'architecture défensive: autrefois les murs étaient élevés mais peu épais (pour empêcher l'escalade), ils seront abaissés et épaissis pour résister aux boulets.»

Passons maintenant à la montée des escaliers…

Rassurez-vous, encore une fois, l'ascension est plutôt facile. Il y a même plusieurs paliers pour se reposer et admirer le paysage.

Arrivée au niveau de la terrasse, le panorama est sublime. Avec cette vue à 180°, on comprend très bien la fonction qu'occupait ce fort défensif : d'ici on pouvait surveiller toute la vallée, la rivière, voir le village de Domme et le château de Castelnaud !

Désormais, ici, il ne reste plus que les ruines du fort. Toutefois on ressent une certaine émotion à la pensée de ce qui a pu se passer en ces lieux chargés d'histoire.

Comme Jean-Max Touron aime à le dire : «Du haut de ces escaliers, un millénaire d’histoire nous contemple. Songez que ces murs sont datés de l’an 1 000, c'était le fort refuge des habitants du village de La Roque-Gageac et des évêques de Sarlat, qui habitaient le château qui se trouve au pied de la paroi».

Je m'avance pour observer chaque pilier. Imposants et très contemporains, ils contrastent avec les pierres du fort. Sur chacun d'entre eux, des informations et des portraits de gens ayant fréquenté le lieu au cours des siècles.

Au fond de l’abri, est diffusée une vidéo qui présente pour la première fois une reconstitution en 3D de la forteresse de la Roque-Gageac au Moyen-Âge.

Après un dernier regard sur la vallée, je me décide à quitter ce bel endroit. J'amorce une descente par les escaliers qui s'annonce périlleuse pour tous ceux qui souffrent de vertige ! L'escalier surplombe le vide. Pour ma part, une vraie partie de plaisir ! Rassurez-vous, néanmoins, tout est sécurisé ! La vue étant imprenable, j'en ai profité pour faire quelques photos !

Les pieds à nouveau "sur terre", je poursuis ma balade. Décidément, je ne me lasse pas de ces vieilles pierres fleuries de glycine !

J'arrive en bas du village. D'un côté la Dordogne et de l'autre des petites boutiques artisanales ou proposant des produits du Périgord et des restaurants bien-sûr !

J'ai un petit coup de cœur pour ses jolis escaliers qui montent dans le village.

 

Après cette délicieuse balade, un brin de fraîcheur ne me déplairait pas… À deux pas, la Dordogne et ses belles gabares me tendent les bras.

La Roque-Gageac gabarre

La Dordogne et ses gabares, toute une histoire ! À l'époque, on a créé des bateaux à fond plat, appelés gabares. Celles-ci permettaient de naviguer sur la rivière dont le niveau de l'eau variait suivant les mois de l'année. Ces embarcations pouvaient mesurer de 8 à 20 mètres de long et servaient à transporter des marchandises.

Dès le 13ème siècle, entre la Gironde et Souillac (dernier village de la navigation remontante), on transporte du sel qui sert d'échange et qui est revendu dans Quercy, le Limousin et l'Auvergne.

L'apogée de ce commerce sur la Dordogne se situe au 18ème siècle.

A l'aller, les gabares transportaient du bois, du fromage, du charbon, des châtaignes, des truffes… Les plus grandes d'entre elles peuvent transporter jusqu'à 30 tonnes de marchandises ! Mais quel périple ces voyages ! La rivière était dangereuse et il fallait beaucoup d'expérience aux bateliers pour éviter les naufrages. Les deux-cents kilomètres pour descendre jusqu'à Libourne étaient périlleux ! Le voyage durait trois jours, tandis que le retour demandait une semaine ! Chargées de sucre, de poissons, d'épices, de café ou d'agrumes, les gabares remontaient la rivière tirées par des bœufs ou une vingtaine d'hommes. Des relais étaient organisés tous les 5 kms.

Au 19ème siècle, on compte encore 571 bateaux qui commercent sur la Dordogne ! Malheureusement dès 1870, l'arrivée du train va mettre fin à l'activité des gabariers…

Les gabares d'aujourd'hui ont perdu leurs voiles et gagné un moteur… Pourtant elles font perdurer le souvenir des jours heureux des bateliers d'antan. Je me remémore un instant la série "La rivière Espérance" et je n'ai qu'une envie, monter à bord ! Sur le port, deux entreprises proposent leurs belles gabares (répliques des gabares du 18ème siècle) : Les «Gabares Caminade» et les «Gabares Norbert».

La croisière dure une petite heure et permet de découvrir les paysages autrement sur 7 kilomètres. C'est un pur moment de détente ! La vue sur la Roque-Gageac est superbe ! Quel plaisir d'observer le belvédère de Marqueyssac, le château de la Malartrie, le pont de Castelnaud, le château Castelnaud et de Lacoste ! Le bateau s'arrête pour permettre aux touristes de faire quelques photos. De nombreux canoës colorés descendent paisiblement la Dordogne. À leur bord, des gens de tous les âges. Au passage de la gabare, ils nous saluent. L'ambiance est bon enfant, l'air est doux. Le guide, quant à lui, est charmant et nous conte l'histoire des gabariers mais aussi celle de la Roque-Gageac !

Déjà de retour à l'embarcadère…je n'ai pas vu le temps passer ! Cette petite balade vient clore en beauté cette merveilleuse journée passée à la Roque-Gageac ! C'est sûr, je reviendrai. A seulement 10 kms de Sarlat, la Roque-Gageac est un des plus beaux villages du Périgord. C'est aussi le 3ème village préféré des français. N'hésitez pas à venir le visiter, comme moi, vous ne serez pas déçu !